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Au fur et à mesure des mois qui passent depuis l’approbation des premiers vaccins en décembre 2020, je réalise que pas mal de personnes n’ont pas bien saisi ce que veut dire « le vaccin protège à 95% de l’infection au virus de la COVID-19 ». Et c’est normal car ce concept a été très peu vulgarisé.

Tâchons de l’expliquer clairement dans ce court article.

Dire « le vaccin protège à 95% de l’infection au virus de la COVID-19 », cela veut dire que par rapport à une situation B où 100 personnes non-vaccinées auraient été exposées au virus au point de l’attraper (on aurait donc 100 personnes infectées), il y aurait dans la situation A où 100 personnes vaccinées auraient été exposées au virus de la même manière que dans la situation B, non pas 100 personnes infectées mais seulement 5. Ce qui veut donc dire que 95 personnes ont échappé au virus dans la situation A, là où elles n’y auraient pas échappé dans la situation B.

Comment calcule-t-on ce chiffre ? Prenons l’exemple de l’évaluation du vaccin Pfizer sur la souche de base, méthode sous contrôle de la FDA (Food and Drugs Administration, organisme de contrôle et d’approbation du médicament aux Etats-Unis).

On procède de la manière suivante :

  • On prend un échantillon représentatif de la population, en l’occurrence 38 000 personnes.
  • Puis on va de manière aléatoire administrer pour moitié de cette population le vaccin (groupe A), et pour l’autre moitié un placebo (groupe B).
  • Chose importante : les personnes ne savent pas ce qu’elles ont reçu, et les personnes procédant à la piqure ne savent pas non plus ce qu’elles ont administré au moment où elles piquent, c’est ce qu’on appelle la randomisation en double aveugle. C’est très important car ainsi on est sûr de n’induire aucun biais de comportement dans les deux groupes, les personnes qui en font partie vont statistiquement se comporter de la même manière par la suite et s’exposer de la même manière au virus.
  • Puis on va attendre durant un temps suffisamment long que ces personnes soient exposées au virus, et on va suivre en les testant si elles ont effectivement attrapé le virus ou pas.

Question intermédiaire : que se passerait-il si on administrait à ces deux groupe un placebo ? Statistiquement, vu que ces deux groupes sont piqués aléatoirement, les personnes qui les composent auraient une probabilité équivalente dans les deux groupes d’attraper le virus. Du coup, à peu de choses près, si X personnes attrapent le virus dans le groupe A, alors on aura également X personnes qui l’attraperont dans le groupe B.

Le fait que l’on administre un vaccin au groupe A fait que l’on s’attend à ce que Y personnes attrapent le virus, et avec Y sensiblement inférieur à X (sinon le vaccin ne servirait pas à grand-chose).

Qu’a-t-on alors constaté ?

  • Dans le groupe B, 162 personnes ont attrapé le virus 7 jours ou plus après la seconde dose.
  • Dans le groupe A, 8 personnes ont attrapé le virus 7 jours ou plus après la seconde dose.

Or, comme on l’a dit précédemment, vu que les groupes sont distribués aléatoirement, si le groupe A avait reçu aussi un placébo, il y aurait eu alors aussi ~162 personnes qui auraient attrapé le virus. Le fait que seules 9 personnes l’ont attrapé signifie que 162 – 8 = 154 personnes qui statistiquement auraient dû l’attraper ne l’ont pas attrapé. Donc le vaccin a protégé à 154 / 162 = 95,1%.

Cette méthode est fiable, basée sur des outils statistiques robustes ayant fait leurs preuves depuis des décennies sur des domaines scientifiques très variés. Les questions relatives à la perte d’efficacité du vaccin au cours du temps ou à leur réponse face aux variants sont des sujets très intéressants mais ne remettant absolument pas en cause cette manière d’évaluer la réponse immunitaire des vaccins proposés.

Ci-dessous une illustration par ce schéma. Les petits bonshommes rouges représentent le groupe A (vacciné), et les petits bonshommes verts le groupe B (non vacciné, le groupe contrôle ayant reçu un placebo).

On va avoir 20 fois moins de personnes infectées dans le groupe A que dans le groupe B (bonshommes bleus).

Méthodologie d'évaluation de l'efficacité des vaccins
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